TAILLEFER |
Losangé d'or
et de gueules. |
Le blason des TAILLEFER est devenu celui de l'Angoumois, et est aussi présent dans les armoiries de Montignac-Charente. |
Les TAILLEFER furent la première dynastie des comtes d'Angoulême. |
I) VULGRIN
Ier. Il était dit parent de Charles Le Chauve, roi de France,
et un de ses plus grands capitaines. Certains auteurs le disent fils
de Roricon, comte d'Anjou. Il fut envoyé en Angoumois, en 866, et devint
le premier comte
héréditaire d'Angoulême. Quelques années après sa nomination, il fit rétablir la ville d'Angoulême, qui avait été démolie par les incursions normandes. Ce fut aussi pour s'opposer à leurs expéditions, qu'il fit bâtir les châteaux de Marcillac et de Matha. Il décéda vers l'an 900, et fut inhumé à Saint-Cybard. Il avait épousé Rogelinde, fille de Guillaume Ier, comte de Toulouse. (Guillaume II, frère de Rogelinde, lui constitua en dot la vicomté d'Agenais). Le roi Charles Le Chauve, constitua aussi Vulgrin, comte de Périgord en même temps que de l'Angoumois. Ils eurent pour enfants :
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II) AUDOUIN
Ier, alias Alduin, comte
d'Angoulême de 900 à 929, date approximative de son décès
et de son
inhumation
à
Saint-Cybard. Il fit réparer les murs de la ville, et fit construire le Châtelet, forteresse qui dominait la vallée de la Charente, ce qui en fit une des plus fortes places de l'Aquitaine. Il soutint avec succès plusieurs guerres contre les Normands. Les moines de l'abbaye de Charroux lui avaient donné à garder, considérant Angoulême comme un lieu de sureté, un reliquaire de la sainte croix. Mais il refusa de leur rendre quelques temps plus tard. Les manuscrits de l'époque, dirent alors que Dieu fut si irrité de cette perfidie, qu'il lui envoya une langueur qui le tint pendant sept ans, et une si grande famine dans la ville, que les hommes se cherchaient les uns les autres pour se dévorer. Audouin reconnut alors son méfait, et pour se repentir, fit faire une châsse enrichie d'or et de pierreries, et y fit mettre le reliquaire. Il le renvoya alors à l'abbaye de Charroux, par son fils Guillaume, surnommé Taillefer, mais décéda néanmoins l'année suivante. Il eut d'une alliance inconnue : |
III) TAILLEFER Guillaume I,
comte d'Angoulême de 929 à 956. La légende dit que Guillaume, portait un sabre d'un acier très tranchant. Stonius, chef des Normands qui écumaient le secteur, s'étant armé de sa cuirasse, et de son casque, se présenta alors devant Guillaume pour le défier. Au cours du combat, ce dernier lui fendit le corps par moitié, d'un seul coup de son épée, d'où le surnom de Taillefer, qui passa par honneur à ses descendants. Il rétablit la règle dans l'abbaye de Saint-Cybard, et y plaça un abbé qui fit bâtir à l'entré de l'église une chapelle. Il décéda aux environs de 956, et fut enterré auprès de l'église de Saint-Cybard Le nom de son épouse est inconnue, mais il eut au moins, pour enfant : |
IV) ARNAUD MANZER, comte
d'Angoulême de 959 à 992. Etant encore enfant à la mort de son père, ses cousins Guillaume Talleyrand, et Raoul Bompar, sous prétexte de gouverner en son nom, s'emparèrent de l'Angoumois. Il ne put retrouver son comté, que grâce à l'appui des seigneurs locaux, et en éliminant Guillaume, Raoul, et leur frère Gaubert. Sur la fin de sa vie, Arnaud eut une querelle avec les moines de l'abbaye de Saint-Cybard. Il devait sans doute avoir tort, car il demanda leur pardon, et finit même par mourir moine de cette abbaye. Il épousa Hildegarde, alias Rengarde. (l'ascendance de cette personne ne m'est pas connue pour l'instant). Ils fondèrent ensemble l'abbaye de Saint-Amand de Boixe. Ils eurent pour enfant, au moins : |
V) TAILLEFER Guillaume II, comte
d'Angoulême de 992 à 1028. Il fut à la fois dévot, et grand batailleur, et il fit plusieurs expéditions contre ses voisins. Ainsi, il lutta avec succès contre Aimeri de Rancon, prince de Taillebourg, et contre le vicomte de Marcillac Il fut le conseiller ordinaire de Guillaume, duc d'Aquitaine, et comte de Poitou. Ce duc lui donna de grandes marques d'amitié, en lui faisant présent de plusieurs belles terres, comme Melle, Aunay, Rochechouart, Chabanais, Confolens, et Ruffec. Il eut aussi de sa femme, le comté de Blaye. Ce château lui ayant été usurpé, il le reprit avec le secours du duc d'Aquitaine. On attribue à Guillaume, la construction du château d'Angoulême, dit des Taillefer. (Celui-ci fut nommé plus tard, le château de la Reine. Il devint ensuite le couvent des Religieuses du Tiers Ordre de Saint-François, dites Tiercelettes). Il fit deux pèlerinages : l'un à Rome, en 1002, et le second en Palestine. Lorsqu'il partit pour Rome, Emery, seigneur de Rencôgne, lui jurat fidélité sur les reliques de Saint-Cybard. Il lui manqua cependant de parole, car il fit construire dans le détroit de la Saintonge, un fort que le manuscrit de Verteuil nomme "Fractabotum", Frambost, que Besly dit être Bouteville. Son second fils, Geoffroy, se battit alors contre ce seigneur, et le tua. Guillaume, à son retour de Rome, aidé de son aîné Alduin, assiégea cette forteresse, la prit et la démolit. Il la fit ensuite reconstruire, et la donna à Geoffroy. A son départ pour la Palestine, il confia l'administration du comté à son fils aîné, Audouin. Ce dernier avait épousé, Alauzie, fille de Sanche, duc de Gascogne. A son retour, Alauzie, qui voulait conserver le pouvoir, chercha à faire empoisonner son beau-père. L'empoisonnement failli réussir. Une femme de la suite d'Alauzie fut accusée d'avoir causé la maladie du comte par ses sorcelleries. Elle dut alors, suivant les règles de l'époque, fournir un champion pour prouver son innocence contre le tenant du comte Guillaume. La lutte eut alors lieu sous les remparts d'Angoulême, dans la grande île de la Charente, en présence de tout le peuple. Le jugement de Dieu fut favorable au comte. La femme de la suite d'Alauzie dut de ce fait subir la torture, et la souffrance lui arrachant l'aveu de son crime, Guillaume, pour punir sa bru jusque dans ses descendants, décida qu'à la mort d'Audouin, le comté reviendrait à son frère Geoffroy, à l'exclusion des enfants d'Alauzie. Il avait épousé Girberge, alias Gilbergne, fille de Geoffroy Grisegonnelle, grand maître de France, et comte d'Anjou. Ils eurent pour enfants :
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VI) TAILLEFER Geoffroy, comte
d'Angoulême de 1029 à 1048. Du vivant de son père, il se battit contre Emery, seigneur de Rencôgne, qui avait fait construire sans autorisation une forteresse, que Besly dit être Bouteville. Il tua ce seigneur au cours de ce combat, et eut plus tard, cette forteresse que son père lui avait donnée. Il était dit pieux et juste. Pour réparer en partie le préjudice que son père avait causé à ses neveux en les déshéritant, il leur donna la vicomté de Matha, et la moitié de la terre de Fronsac. Il vécut en paix avec ses voisins, et fit un pèlerinage en Terre-Sainte. A son retour, il accrut ses domaines des terres de Bouteville et d'Archiac. Il épousa Péronnelle, alias Pétronille, fille unique de Mesnard, dit le Riche, seigneur d'Archiac et de Bouteville. C'est par ce mariage que ces deux terres entrèrent dans la maison des Taillefer. Il décéda en 1048, laissant pour enfants :
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VII) TAILLEFER Foulques, comte
d'Angoulême de 1048 à 1087. Il eut suivant le testament de son père, le comté d'Angoumois, en son entier, les terres de Bouteville, d'Archiac, de Marcillac, et de Montignac. Il soutint plusieurs guerres contre ses voisins. La plus importante fut celle qu'il mena contre son frère, Guillaume, évêque d'Angoulême. Il eut aussi une longue guerre contre Guillaume Geoffroy, duc d'Aquitaine. Il avait épousé, en premières noces Pétronille. Elle fonda, pour le salut de son âme, le monastère de Saint-Paul de Bouteville, où elle fut inhumée. Il avait épousé en secondes noces, Condor d'Eu, fille du normand Vegena. Il décéda en 1087, ayant eu pour enfants, de ses deux unions :
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VIII) TAILLEFER Guillaume III,
comte d'Angoulême de 1087 à 1120. Il passa une bonne partie de sa vie à lutter contre ses voisins. D'après plusieurs chroniqueurs, il fut doté d'une force peu commune. Il eut d'abord à combattre Audouin de Barbezieux, Aymar d'Archiac et Bardon de Cognac. Il revint victorieux de ses diverses expéditions. Il eut à soutenir une guerre plus dure contre Hugues de Lusignan. Ce prince, prétendant avoir des droits sur le comté de la Marche, fief des comtes d'Angoulême, avait envahi cette province. Guillaume marcha à sa rencontre, le défit complètement dans les environs de Charroux, et l'obligea à reconnaître sa suprématie. Peu de temps après, il se rendit en Palestine. Il tomba malade sur le chemin du retour, et en traversant l'Allemagne, décéda dans une abbaye de ce pays. Il avait épousé, Vitapoy, fille d'Amanieu, seigneur de Bénauges et de Saint-Macaire, en Gascogne. Ils eurent pour enfants :
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IX) TAILLEFER Vulgrin II, comte
d'Angoulême de 1120 à 1140. Déjà, du vivant de son père, il fit deux expéditions guerrières. L'une contre un seigneur de la Saintonge, Aymard, qui s'était emparé par surprise du château d'Archiac, et qui refusait de s'en dessaisir. Vulgrin vint alors mettre le siège devant la place, et la reprit, aidé des conseils de Gérard, évêque d'Angoulême. L'autre avait été dirigée contre le château de Matha. Ce château avait été engagé par Guillaume III, père de Vulgrin, pour subvenir aux frais de son pèlerinage en Terre Sainte. Profitant de l'absence de son père, il attaqua cette place, et la reprit. Après la mort de son père, il attaqua le comte de La Rochefoucauld. Cette expédition se termina rapidement, grâce à l'intervention de l'évêque d'Angoulême. Puis il s'attaqua au duc d'Aquitaine, en s'emparant de la ville de Blaye. Enfin, il vint assiéger le château de Montignac, qui était défendu par Hugues de Lusignan, et par l'élite de la noblesse du Poitou. Après une longue résistance, la place dut capituler. Vulgrin en fit alors don à l'évêque d'Angoulême. Il épousa en premières noces Ponce, (elle était ou fille d'Hugues VII, dit le Brun, comte de la Marche, ou bien fille de Roger de Montgomerry, comte de Lancastre, en Angleterre, surnommé le Poitevin, et d'Almodis, comtesse de la Marche). Ils eurent pour enfants :
Ils eurent pour enfants :
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X) TAILLEFER Guillaume IV, comte
d'Angoulême de 1140 à 1177. Il voulut reprendre aux évêques, les biens que son père leur avait donnés. Lambert, évêque d'Angoulême, en appela alors au roi de France, Louis VII, qui était devenu le suzerain direct des comtes d'Angoulême, par son mariage avec Eléonore de Guyenne. Guillaume obéit aux ordres du roi, et rendit au clergé les biens qu'il avait confisqués, et se réconcilia avec son évêque. Il accompagna le roi de France en Palestine, au cours de la seconde croisade. A son retour, il trouva une coalition contre lui, composée des seigneurs de Cognac, d'Archiac et de Jarnac. Ramnulphe de Jarnac ayant mis le siège devant Châteauneuf, il accourut au secours de la place, fit Ramnulphe prisonnier, et lui enleva sa terre de Jarnac. D'abord fidèle au roi d'Angleterre, Henri Plantagenêt, Guillaume finalement se rangea sous la bannière du roi de France. Il épousa en premières noces Emme de Limoges, sa cousine germaine, fille d'Aymard III, vicomte de Limoges, et de Graule d'Angoulême. Il n'eut pas d'enfant de cette union. Il épousa ensuite en secondes noces Marguerite de Turenne, veuve d'Aymard IV, vicomte de Limoges. Ils eurent pour enfants :
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XI) TAILLEFER Aymard, comte
d'Angoulême de 1185 à 1202. Il fit alliance avec le roi de France, Philippe-Auguste, et soutint la guerre contre Richard Coeur de Lion, roi d'Angleterre. Ce dernier vint mettre le siège devant Angoulême, et après paraît-il six heures de combat, elle fut forcée de capituler, ayant attendu vainement des secours promis par Philippe-Auguste. Lorsque la paix fut conclue, le roi de France dédommagea Aymard, et le fit rentrer en possession de son comté. Il décéda peu après 1202, et fut inhumé, selon ses souhaits, devant la porte de l'abbaye de La Couronne. Il avait épousé Alix de Courtenay, (qui avait déjà épousé en premières noces Guillaume Ier, comte de Jouy), fille de Pierre de France, et d'Elisabeth, dame de Courtenay (tige de la branche royale de Courtenay). Ils eurent pour fille unique :
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- François VIGIER de La PILE : Histoire de l'Angoumois. - Civilisations médiévales : Isabelle d'Angoulême, comtesse-reine et son temps. - MARTIN-BUCHEY : Géographie historique de l'Angoumois. - Bulletins et mémoires de la société archéologique et historique de la Charente, année 1955 - Géographie historique du comté d'Angoulême (1308 - 1531) : Jean BURIAS. - Abbé Joseph NANGLARD : Pouillé historique du diocèse d'Angoulême. |